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possède le British Museum, l’histoire d’Ourashima est illustrée de traits ingénieux, étrangers à ses rédactions anciennes. Le jeune pêcheur, ayant pris la tortue, se dit qu’il serait cruel de priver cette bête, fameuse pour sa longévité, des mille années de joie qui lui sont destinées ; et, en fidèle bouddhiste, il la rejette dans les flots. Le lendemain, au même endroit, il aperçoit une femme en détresse sur un bateau que secouent les vagues furieuses ; cette inconnue l’appelle à son secours, lui disant que tous ses compagnons ont péri dans la tempête et qu’elle seule survit maintenant, ballottée comme une épave ; Ourashima, plein de pitié, rame durant une journée entière, sous sa conduite, pour la ramener à son pays ; mais elle l’a dirigé vers la région immortelle et lui donne son amour en récompense de sa charité. De même, à la fin du récit, lorsque Ourashima, rentré au village natal, cherche en vain la trace de ses parents, un vieillard le mène devant le monument érigé en mémoire du dernier descendant d’une famille éteinte ; et sur cette tombe, le malheureux lit son propre nom. Enfin, lorsqu’il a ouvert la boîte fatale qui retenait enclos les siècles passés auprès de son amante, et que soudain vieillit son visage de trente-cinq étés, c’est seulement son existence humaine qui s’évapore, comme un nuage violacé, et qui se dissipe dans l’atmosphère ; son âme se transforme en une cigogne, l’oiseau d’immortalité, et, d’un coup d’aile, gagne le séjour merveilleux où la rejoint la