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PREFACE.

les phases de la floraison des végétaux et les mystères de leur fécondation, toutes les espèces de machines en mouvement, la fabrication de tous les produits de l’industrie humaine. La Chimie aussi nous réserve bien des surprises avec ses cristallisations si variées et ces formes étranges qui, naissant du mélange de certains liquides, ressemblent parfois à des organismes vivants. Voilà, certes, de quoi tenir en éveil la curiosité la plus ardente. Ces exemples, cependant, ne montrent pas encore toute la puissance de la Chronophotographie.

Oui, les photographies animées ont fixé pour toujours des mouvements essentiellement fugitifs ; elles permettent de voir et de revoir indéfiniment des phénomènes parfois difficiles à reproduire ; mais enfin ce qu’elles montrent, l’œil eût pu le voir directement ; elles n’ont rien ajouté à la puissance de notre vue, rien enlevé de ses illusions. Or, le vrai caractère d’une méthode scientifique est de suppléer à l’insuffisance de nos sens ou de corriger leurs erreurs. Pour y arriver, la Chronophotographie doit donc renoncer à représenter les phénomènes tels que nous les voyons.

Une première manière consiste à changer la durée des phénomènes, à ralentir ceux qui sont trop rapides pour que notre œil en puisse saisir les phases, à accélérer ceux qui nous échappent par leur extrême lenteur. Quand un cheval est lancé au galop, nous ne voyons pas la succession des mouvements de ses jambes, pas plus que nous ne pouvons suivre par la vue les mouvements de l’aile d’un oiseau. Mais si l’on change la vitesse de succession des images, la Chronophotographie peut nous montrer le cheval