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sentent à ma vue, tels que mon âne, votre mule, les moutons, les corneilles, les vaches et les chiens, en autant de coquins de Maures, et malgré tout, je suis bien persuadé que mes rêveries poétiques ne sont pas plus extravagantes que les vôtres.

Don Rodrigo, abattu par la double souffrance de la faim et de la lassitude, ne faisait pas attention à toutes les absurdités que débitait son valet : aussi Peregil, encouragé par ce silence, s’écria d’un ton plus hardi :

— Que le ciel maudisse tous les amans ! Tous ceux auxquels il passe par la tête de se couper la gorge, d’affronter tous les périls, de supporter toutes les souffrances imaginables, pour l’amour d’une même femme, lorsqu’il y en a une si grande quantité en Espagne, lorsque l’on peut si aisément choisir : je les maudis !

— Silence, misérable, s’écria Don Rodrigo, silence car tes réflexions stu-