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gómez arias.

Theodora, la pitié et le remords faisaient frémir son cœur. Quoique ses sentimens ne fussent nullement nobles, il y avait dans la conduite de son maître quelque chose de si cruel, de si inhumain, que le valet était révolté par l’idée de contribuer à trahir une victime aussi intéressante et aussi confiante : une ou deux fois il se décida à découvrir le complot à Theodora, mais il manquait de force pour suivre les suggestions généreuses de son bon naturel. Enfin par-dessus tout, la frayeur que lui inspirait son maître, et la crainte des résultats que son aveu pourrait avoir sur l’esprit de sa victime, contribuèrent puissamment à faire taire sa conscience. Ensuite il se flattait qu’une fois le mariage fait, on pourrait trouver moyen de calmer et de consoler Theodora : enfin il se persuadait, ou plutôt cherchait à persuader à son esprit rebelle, que la vue de cette malheureuse