dont le souvenir est trop profondément enraciné dans mon cœur pour jamais s’affaiblir. Tout son corps tremblait d’agitation en prononçant ces derniers mots.
— Calme-toi, Alagraf, lui dit Cañeri, puisque tu as adopté ce nom et que tu es à présent…
— Un traître ! s’écria le Renégat. J’ai été traître à ma religion, à ma patrie. Tu ne peux me refuser ce titre dont je me glorifie : je sais quelle opinion l’on a de moi. Ma vie ne peut être qu’obscure ; mais si la passion qui anime mon cœur, qui donne de la force à mon bras, ne peut ennoblir mes exploits, du moins elle peut satisfaire ma vengeance, cela me suffit. Je ne suis qu’un misérable, mais malheur à l’homme qui m’a rendu tel ! Puissent le désespoir, et le venin qui remplissent ce cœur que la nature avait créé tendre et vertueux, mais entraîné au plus