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gómez arias.

l’amant que tu pleures, en te prouvant qu’un Maure peut aimer au moins aussi sincèrement qu’un Chrétien.

Ce fut en vain que Theodora réitéra ses supplications. Malique fut sourd à ses cris ; il la plaça de force sur son palefroi, y monta derrière elle pour la soutenir et empêcher sa chute, car son agitation était si violente qu’il craignait pour sa vie.

En ce moment des nuages cachèrent la lune, et la nuit la plus sombre enveloppa ces tristes solitudes. Tout dormait dans le calme sur la terre, et le morne silence n’était troublé que par les pas du cheval et les gémissemens d’un cœur malheureux. Le cri lugubre et prolongé du chat-huant répondait seul à cette scène de douleur, et tout retombait ensuite dans le même silence ; mais ce cri sinistre résonnait au fond du cœur de Theodora comme la voix de la mort, et le vent qui soufflait avec