blait régner seul sur Grenade, les Maures étaient en proie aux plus tristes réflexions et à la douleur la plus amère.
Ces malheureux excitaient vivement la pitié de Theodora, quoiqu’ils y eussent peu de droits, et que le souvenir odieux de Cañeri eût pu suffire pour leur fermer son cœur ; mais non : ils étaient abandonnés, opprimés, et à ce titre seul ils étaient sacrés pour son âme généreuse. Cependant elle fut bientôt forcée de reporter ses pensées sur elle-même ; car, en traversant la Plaza Nueva[1], ses yeux s’arrêtèrent sur les Maures qui s’y promenaient, et elle en aperçut un dont l’aspect jeta la terreur au fond de son cœur. C’était Bermudo le Renégat ; elle ne pouvait le méconnaître malgré son déguisement, car la différence de son costume ne pouvait changer l’expression étrange
- ↑ La nouvelle place.