terrible séparation, ce sanglant spectacle est toujours présent à mon imagination sous des couleurs aussi vives. Je vois ton beau corps déchiré, tes membres brisés et tes longs cheveux souillés de sang. Ô Anselma ! Anselma ! si ta mort prématurée n’a pas été suivie de la mienne, c’est que je voulais accomplir l’œuvre de vengeance. — Je ne puis pleurer ; mes yeux sont secs depuis long-temps, mais mon cœur brûlant verse des larmes de sang au souvenir de ta jeunesse, de ton amour et de ton horrible destinée.
En ce moment, le Renégat ne put continuer ; il était dans une agitation effrayante ; et la peinture qu’il venait de faire de sa vie passée avait bouleversé ses traits, et ajoutait à leur férocité naturelle. Cañeri était muet d’étonnement, car son âme faible ne pouvait concevoir qu’un attachement fût assez vif et assez profond pour produire les