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gómez arias.

courage de le supporter. Je m’élevais au-dessus de mes malheurs ; j’éprouvais un mélange de haine et de mépris pour la nature humaine, et je nourrissais précieusement des sentimens qui me portaient à me regarder comme un être indépendant au sein de l’esclavage et de la dégradation. Oui, une espérance consolatrice, une idée vague et romanesque, une noble ambition, me faisaient croire que je pouvais acquérir par mes efforts et mes actions ce qui m’était doublement refusé par ma naissance et mon rang. L’orgueil donnait de la force à ces rêves qui jetaient une brillante lumière sur mon existence sombre et orageuse. Au milieu de tous ces sentimens, j’avançais dans la vie, haïssant et haï, méprisant et méprisé : mon cœur, qui aurait aimé la nature humaine, semblait comme desséché et fermé à tout sentiment tendre ; enfin, tout mon être me semblait absorbé par