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PAROISSE DE CHARLESBOURG

et à la maison on compte le nombre d’œufs qu’on peut envoyer ; on place dans un panier proprement recouvert d’une serviette les quelques livres de beurre frais qu’on peut mettre de côté… et on part.

Quand tout, ou à peu près tout, est vendu on va faire quelques emplettes chez les marchands et on le fait avec avantage car on a de l’argent comptant, puis on revient à la maison un peu fatigué, il est vrai, mais content et heureux, surtout si le marché a été bon et la provision de nouvelles à rapporter abondante. Cette dernière circonstance, inséparable de l’usage d’aller au marché, n’est pas ce qu’il y a de moins agréable dans ces voyages, et c’est peut-être ce qui peut faire mieux comprendre le plaisir qu’on éprouve à les faire…

« Oh ! que les cultivateurs seraient heureux, disait un poète ancien, s’ils connaissaient leur bonheur ! » Nous ne savons pas si toutes ces bonnes familles de Charlesbourg, que nous avons connues dans notre jeune âge, avaient cette connaissance de leur bonheur ; mais nous croyons qu’elles étaient vraiment heureuses et contentes de leur sort, car il y avait dans ces familles, comme dans toutes nos