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LE CONTEUR BRETON


Voilà qu’on le conduit à l’écurie et qu’on lui montre les deux chevaux qu’il aura à nourrir et à étriller. Ce jeune homme, ainsi que je l’ai dit, était très-beau garçon ; il eût été difficile d’en trouver de plus beau que lui. Cette circonstance excita la jalousie de tous ceux qui étaient dans le palais, surtout parmi les autres garçons d’écurie. Il y eut plus encore : ses chevaux s’engraissaient à faire plaisir et beaucoup plus que ceux des autres. Si bien que les garçons d’écurie en vinrent à se dire qu’il fallait qu’il dérobât la nourriture de leurs chevaux pour la donner aux siens. Ils eurent beau le surveiller, ils ne purent jamais trouver rien à lui reprocher. Comment l’auraient-ils pu, puisque ce n’était pas vrai ? Car il ne faisait rien de plus pour ses chevaux que ne faisaient les autres ; et s’ils s’engraissaient de cette sorte, c’était, à mon avis, parce qu’ils avaient les qualités pour cela. Et pourquoi donc pas ?

On donnait chaque jour une chandelle à chacun des garçons d’écurie, et on en donnait autant à notre jeune homme. Mais celui-ci n’en brûlait pas, et voici pourquoi. La première nuit qu’il coucha dans l’écurie au-dessus de ses chevaux, il fut réveillé par la clarté qui illuminait sa chambre, et en regardant ce qui jetait une pareille lueur, il vit que c’était la perruque qu’il avait emportée. Celle-ci, tombée de sa poche, éclairait la chambre, comme l’eût fait le soleil au milieu du jour. — C’est bien, dit le jeune homme ; et encore mon cheval m’engageait à laisser là cette perruque. Maintenant je crois que j’ai bien fait de la