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LE CONTEUR BRETON

a quinze ans, dit-il, que je suis dans votre maison ; vous m’avez rendu heureux et je vous en remercie ; vous ne m’avez laissé rien ignorer de ce que peut apprendre et savoir un enfant comme moi. Je vous remercie donc et je vous annonce que c’est demain le jour où il me faut vous quitter.

Ainsi, bien que le père et la mère eussent pris beaucoup de précautions pour empêcher qu’il ne connût son âge, cela ne leur servit à rien, parce qu’avaient été marqués le jour et le moment où leur fils devait partir. Sa mère lui offrit de l’or et de l’argent pour son voyage ; mais il n’accepta pas un sou, et lui dit: — Ma mère, quand vous m’avez enfanté j’étais entièrement nu, c’est pourquoi il me faut vous quitter sans rien emporter. Conservez vos biens et faites-en ce que vous voudrez ; quant à moi, je vais partir, il est temps; je pense que vous ne me reverrez plus ; adieu !

Le lendemain, au point du jour, après s’être habillé, il vint trouver son père et sa mère ; il les embrassa l’un après l’autre et leur dit adieu jusqu’à l’autre monde. — Il faut que tu manges quelque chose avant de partir, dit la mère. — Rien, dit-il, je n’ai pas faim. — Le père voulut lui faire la conduite, et dans ce but il était venu sur le seuil, quand l’enfant lui dit : — Mon père, je ne veux pas que vous veniez plus loin ; allez rejoindre ma mère et laissez-moi partir seul pour le lien où il faut que je me rende. — Mon fils, dit le père, puisque tu ne veux pas que j’aille plus loin et que tu ne prends rien de ce qui nous aurait fait plaisir, emporte au moins ce que tu trouveras