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LE CONTEUR BRETON


Un jour le mari vint à songer que cette vie ne pouvait durer entre eux, et il alla trouver un homme très-renommé pour sa sagesse, et que l’on disait un peu sorcier. — Je croirais volontiers qu’il l’était.

Voilà donc le mari qui va le trouver et qui lui raconte quelle est sa vie d’intérieur et à quel sujet il vivait en mésintelligence avec sa femme ; surtout, ajouta-t-il, depuis dix-huit mois, notre maison est un enfer, et cela ne peut pas durer. Je suis venu vous trouver, dit le mari au sage, pour vous demander conseil et pour que vous nous tiriez de peine, ma femme et moi. — Je vous en tirerai, dit l’autre, mais ce ne sera que pour quelques années seulement. Venez dans le jardin avec moi, mon ami.

Alors le sorcier conduisit le mari dans le jardin auprès d’un arbre qui portait trois pommes : une verte, une jaune et une blanche. Ensuite il lui dit : — Mon ami, prenez celle qui vous plaira et mangez-la. — Le mari prit la pomme blanche, et quand il l’eut mangée, le sorcier lui dit : — Vous avez mangé la pomme qui vous fera naître un fils dans neuf mois et un jour. Alors, vous et votre femme vous serez contents et heureux : aussi heureux que peuvent l’être un père et une mère avec leur enfant. Mais le jour où il entrera dans sa quinzième année, ce jour-là il partira de la maison et vous ne le reverrez plus. Avant son départ, vous aurez beau lui offrir toutes sortes de choses, il n’acceptera rien de vous, et même il vous dira  : — Je suis entré chez vous dépourvu