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LE CONTEUR BRETON

petite pierre verte dans ma poche, le bout de la faulx de la Mort me frappa et je tombai aussitôt sur la place. Si je ne mourus pas ainsi que les autres, ce fut, je le sais actuellement, grâce à ma marraine qui se trouva là et m’amena dans sa demeure. C’est pour me rendre plus raisonnable qu’elle me métamorphosa en fée vieille et hideuse, comme vous voyez, et qu’elle m’ordonna de demeurer sous terre, sous cette vaste pelouse, avec mission expresse de renseigner ceux qui, comme vous, chercheraient à s’emparer de l’Oiseau de vérité. Elle me condamna aussi à rester en ce lieu jusqu’à ce que cet oiseau fût pris. Vous voyez donc, Clézé, que vous m’avez tirée de peine, et que je dois vous remercier, ainsi que vous m’avez remercié vous-même.

Actuellement je vais revenir à mon premier âge, jeune et belle comme j’étais quand ma marraine me transforma en vieille petite femme.

La marraine apparut en ce moment. Elle portait une robe d’une entière blancheur, et, quoique très-vieille, elle paraissait toute jeune. Sur son front étincelant était posée une magnifique couronne faite de pierres de toutes les couleurs et incrustées dans l’or et l’argent. En prenant la main de sa filleule, qui à l’instant devint jeune et belle, la marraine dit à Clézé : — Pour le bien que vous avez fait à ma filleule, ce n’est pas assez de vous remercier. Je vous prédis donc que, à la mort de votre père, vous deviendrez un roi puis-