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LE CONTEUR BRETON

d’argent, et j’eusse préféré un morceau de pain si vous aviez pu m’en donner. Mon bon jeune hom­me, dit-elle, où allez-vous par ici ? — Il me serait difficile de le dire, bonne vieille, car je ne le sais pas moi-même. Je vais chercher l’Oiseau de vérité, cet oiseau qui n’a pas son pareil, et qui dit, à qui peut le prendre, ce qu’il a envie ou besoin de sa­voir.

— Si c’est l’Oiseau de vérité que vous cherchez, dit la vieille, je puis vous enseigner le moyen de l’attraper. Vous avez encore trois journées de marche pour arriver à lui ; il est placé dans une cage d’or, sur la cime d’un arbre très-élevé. L’ar­bre sur lequel se trouve cet oiseau est situé sur une large pelouse, en face d’un superbe manoir. Là il est gardé par toutes sortes de bêtes horribles qui lancent du feu et des éclairs par les yeux, par la bouche et par les narines. Ecoutez encore : L’oiseau que vous cherchez, le plus beau qui soit au monde, est aussi l’Oiseau du mensonge, et cela jusqu’à ce qu’il soit pris. N’ajoutez donc pas foi à ce qu’il vous dira, lorsque vous monterez dans l’arbre. En ce moment sa voix douce sera sembla­ble au zéphyr de l’été, et il vous dira : — Regarde en bas, mon fils, regarde ton père et ta mère. Gardez-vous alors de l’écouter, gardez-vous de baisser la tête et les yeux, car à l’instant vous tomberiez mort comme beaucoup d’autres que vous verrez étendus autour de l’arbre. Il faut de plus que vous soyez là à midi sonnant.

Après avoir écouté attentivement la vieille femme, Goarec se remit en route et, après trois