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LE CONTEUR BRETON

que le chagrin minait Calounec, lui conseilla de se remarier. — Non certes, dit celui-ci, je ne veux pas me remarier, car je n’aimerai jamais femme comme j’ai aimé la fille du pauvre métayer. Dès ce moment, on lui laissa le soin de tarir, comme il le pourrait, la source de sa douleur. Il eut recours à la lecture comme dans sa jeunesse. Un bon livre, disait-il, est le meilleur ami, parce qu’il ne dit rien qui ne soit pour notre bien.

Revenons actuellement sur nos pas, et parlons des trois enfants de l’épouse du jeune roi ; nous les avons laissés entre les mains de leur grand’mère.

Celle-ci fit construire un berceau en bois de la forme d’une nacelle et parfaitement fermé par le haut ; puis elle y renferma les trois enfants, près desquels elle plaça un arc, un fer de lance, une épée et beaucoup d’or et d’argent. Cela fait, elle les fit jeter dans la rivière qui passait près du palais.

Le berceau, poussé par le courant, entra dans un étang au moment où le meunier était occupé à lever la bonde pour faire marcher le moulin. Surpris de voir flotter un pareil morceau de bois dans son étang, le meunier tira le berceau sur le bord de l’eau. Jugez de son étonnement quand, après l’avoir ouvert avec la clef qui était suspendue à la serrure, il y trouva trois beaux enfants avec des armes et une grande quantité d’argent. Vite il envoya les enfants à sa femme, la meunière, en lui recommandant de les nourrir et de les élever comme ses propres enfants.