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LE CONTEUR BRETON

appris le décès de son épouse bien-aimée, Calounec, fatigué de la guerre, accorda la paix. Il pourrait ainsi, pensait-il, revenir au palais et apprendre comment les choses s’étaient passées, car il était persuadé que les mauvais traitements n’étaient pas étrangers à cet événement.

Ce qu’il croyait était la vérité : la reine avait relégué son épouse dans un souterrain, loin du palais, et l’y avait fait enfermer avec les trois petits chiens. Là on leur donnait pour nourriture à tous les quatre, du pain sec et de l’eau. Cela pouvait suffire pour les chiens, mais pour la jeune femme ce régime était si peu réconfortant qu’elle devint bientôt d’une extrême maigreur.

Quand on apprit que le jeune roi allait revenir, on retira du souterrain les trois petits chiens et on leur prodigua toutes sortes de soins.

Calounec, dès son arrivée, s’enquit des causes de la mort de son épouse ; il prit des informations de tous côtés, mais partout on lui faisait la même réponse : elle était morte de chagrin, lui disait-on, par suite de son départ. Tout cela n’était que mensonges, mais jamais il ne put savoir la vérité, parce que sa mère avait gagné tous les gens de la cour, afin de lui cacher ce qui était arrivé. Il avait beau faire, ses pensées se reportaient toujours vers son épouse bien-aimée ; souvent même il rêvait d’elle, et chaque fois il croyait la reconnaître, pleurant et décharnée, sous la figure d’un spectre qui se recommandait à lui et qui l’appelait en étendant ses bras vers lui.

A quelques années de là, la reine-mère, voyant

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