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LE CONTEUR BRETON

draient bientot riches, mais ils ne le deviendront pas, en agissant comme ils font. — Qu’importe, on y fait du commerce, on y vend bien, et je crois même que si le diable venait à Brest, on le vendrait aussi, quoiqu’il soit fin et rusé.

— Je suis celui de qui vous parlez, bonne femme, mais on ne me vendra pas à Brest, car je n’y mettrai pas les pieds ; il y a là assez (de diables) sans moi. Toutefois, soyez certaine que les affaires ne réussiront pas plus à vous qu’aux marchands de cette ville. — Et là-dessus, le diable s’éloigna de ce lieu, laissant sur ses traces une fort mauvaise odeur.

Cette femme habitait Kerhor et avait une nombreuse famille. Depuis cette époque, ses vaches ne trouvèrent plus que de mauvais pâturages et ne lui donnèrent que de l’eau au lieu de lait ; ses poules aussi ne pondirent que des œufs pourris, et ses enfants furent obligés d’aller à la pêche pour gagner leur vie ; c’est, dit-on, d’eux qu’est issue la race des pêcheurs de Kerhor. Depuis cette époque aussi, les marchands de Brest réussirent peu dans leurs affaires.

Et voilà comment le diable a dit la vérité une fois dans sa vie. Depuis lors il n’est pas venu à Brest et il n’y viendra pas de si tôt encore.