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LE CONTEUR BRETON

avec une pierre précieuse. Tout-à-l’heure vous l’aviez pour boire à table. — Il faut voir par qui elle a été prise. Si bien que Gradlon fit fouiller dans les poches des gens de sa suite. Mais on eut beau fouiller et refouiller, on ne trouva pas la coupe. — Il faut pourtant qu’elle soit avec quelqu’un, dit Christophe. Cherchez dans vos poches, vous maintenant, sire. — Je n’ai rien pris, dit celui-ci ; crois-tu, méchant idiot que tu es, que je suis un voleur ? — Je ne dis pas que vous soyez un voleur ; pourtant je trouve qu’il serait bon que vous fussiez fouillé aussi, puisque les autres l’ont été. — S’il n’y a que cela à faire, la chose sera bientôt faite. Et Gradlon de planter ses deux mains dans ses poches de chaque côté et de retirer avec la droite la coupe qui lui remplissait la main. Eh bien, dit Christophe, en se moquant, quel est le voleur actuellement ? — On pourrait croire que c’est moi, dit le roi, et pourtant ce n’est pas moi qui ai mis cette coupe dans ma poche. — Vous avez beau nier, sire, dit Christophe, qui pourrait vous croire, si je ne disais la vérité. Ce que vous avez dit est vrai ; ce n’est pas vous qui avez mis cette coupe dans votre poche ; elle y est entrée comme est entré dans le sein de votre fille le fils qu’elle a mis au monde.

Gradlon resta alors un instant l’esprit tendu, en tournant et retournant ce que lui avait dit Christophe. Quand il revint à lui, il était joyeux et dit : — À toi seul, Christophe, tu as plus de sens et