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LE CONTEUR BRETON


Le manoir de Christophe, entendez bien, n’était pas un méchant manoir ; il contenait vingt-quatre chambres, et dans chaque chambre quatre fenêtres tournées aux quatre vents ; on ne voyait que tas d’or et d’argent, des couvertures de soie, de superbes tableaux, comme il n’y en avait jamais eu chez Gradlon lui-même. Celui-ci ouvrait une grande bouche partout où il allait et s’arrêtait pour les examiner. — Eh bien, sire, dit Christophe, laquelle est la plus belle de votre maison ou de la mienne ? — C’est la tienne, dit Gradlon, si elle est à toi ? — Je ne crois pas qu’elle appartienne à d’autre ni à vous non plus. Vous pensiez, je le sais, que je serais englouti et votre fille aussi avec moi, quand vous nous avez fait jeter à la mer. Maintenant vous êtes étonné, n’est-il pas vrai ? Bon, bon, tant mieux, cela vous rendra plus raisonnable. Le roi, fatigué d’entendre les paroles peu réservées de Christophe, ordonna de partir.

— Quand vous voudrez, dit Christophe ; vous pourrez retourner dans votre demeure par le chemin où vous êtes venu ; toutefois, je pense que quand on a été bien nourri et bien traité, il n’est pas bien de voler les gens de cette maison. — Quel est le voleur ? dit Gradlon, le sang lui montant sous les ongles. — Je ne sais pas plus que vous quel est le voleur, et pourtant je voudrais le savoir. — On le saura, dit Gradlon, et même de suite. Que te manque-t-il, Christophe ? — C’est ma plus belle coupe ; celle qui a été fabriquée d’une seule pièce