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LE CONTEUR BRETON

pria son père et sa mère de veiller à ce qu’il n’arrivât rien de fâcheux à sa chère épouse : — Ma femme est sage, dit-il, et ne peut tourner à mal. Ainsi donc ne la laissez manquer de quoi que ce soit, car celui qui lui ferait peine, me ferait peine aussi. — Après cela, le fils du roi fit ses adieux à son père, à sa mère et à son épouse adorée.

Calounec, à la tête de ses soldats, mit bientôt les Anglais en déroute ; chaque combat était pour eux une défaite.

Pendant ce temps, son épouse, qui se trouvait bien isolée dans le palais, s’était renfermée dans son appartement, et là, tout le jour, ne faisait que verser des larmes. Dans le principe, sa belle-mère la laissa faire selon qu’il lui plaisait; mais cela ne dura pas longtemps. Etouffant de jalousie à cause de l’amour qu’avait son fils pour la fille du métayer, la vieille reine résolut la perte de sa belle-fille. Pour réussir dans son projet, elle aposta des gens pour épier toutes les actions de la jeune femme ; mais la vieille eut beau faire, elle ne trouva rien qui pût lui être reproché.

Un mois après le départ de Calounec pour la guerre, la reine lui écrivit que la bavette et le tablier de son épouse se relevaient un peu ; elle voulait par là lui faire connaître qu’elle était enceinte. Calounec fut enchanté de cette nouvelle, car son épouse elle-même lui écrivait la même chose.

Peu à peu la belle-mère retira à sa bru les femmes et les autres personnes qui avaient été attachées à son service ; peu à peu aussi elle lui dé-