passe sur un arbre ; il joue, je pense, au cheval, son bâton crochu à la main. — Oui assurément, dit Christophe, c’est moi, jolie fille ; et, par la vertu de mon petit poisson, puisque vous vous moquez, je voudrais que vous devinssiez enceinte dès à présent.
A-près avoir dit ces mots, Christophe va de là sur son arbre à la maison de sa mère. Il ne fut pas longtemps en route ; il descend à terre et va trouver sa mère pour lui dire de venir voir. Voilà du bois qui vous arrive, ma mère, pour faire des crépes. — Apporte-le à la maison, dit celle-ci. Ah bien oui, dit Christophe, vous en parlez à votre aise, ma mère ; venez voir quelle charge de bois il y a là dehors. — La mère suit son fils et reste toute stupéfaite devant un chêne effrayant, tant il est grand. Il était six fois plus haut que la chaumière de la veuve. — Qui a amené cet arbre ici, dit-elle ; ce n’est pas toi probablement ? Si fait, ma mère, c’est moi qui l’ai amené, et tout-à-l’heure vous allez voir qu’il sera fendu et mis en tas devant votre maison. — Ce que dit Christophe fut fait immédiatement, et il n’eut d’autre peine que d’en faire la demande à son petit poisson. Quand le tas de bois fut terminé, il était trois fois plus large et plus élevé que la maison de la pauvre veuve. — Eh bien, dit Christophe, maintenant vous aurez assez de bois pour faire des crêpes, autant que vous voudrez. — Les crêpes furent faites alors et mangées, et Christophe retourna sur le rivage pour jouer avec son bâton crochu.