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LE CONTEUR BRETON

ce qu’il l’ait pris — Eh bien, mon petit poisson, ne vous avais-je pas dit que je vous attraperais ? C'est vrai, tu m’as attrapé, dit le poisson à Christophe. Pourtant il vaudrait mieux pour toi me lâcher dans la mer que de me manger, car tu n’aurais pas grand’chose de moi ; au lieu que si tu veux me lâcher dans la mer, je te donnerai tout ce que tu auras envie d’avoir, tout ce que tu me demanderas.

Christophe, étonné en entendant le poisson, et sans réfléchir plus longtemps, le jette aussitôt dans l'eau et reste encore là un instant à jouer. En jouant, l’appétit lui vint ; il songea alors aux crêpes de sa mère et au bois de chauffage qu’on lui avait dit de ramasser. — Tiens, tiens, dit Christophe, si ce que m’a dit le petit poisson était vrai, ma mère aurait du bois de chauffage pour un bon bout de temps. — Et Christophe de courir à toutes jambes vers la ville d’Is qui était près de là. Quand il arriva, la mer était encore très basse et à sec autour de la ville. Christophe était allé en ce lieu pour avoir un énorme chêne qui se trouvait, disait-on, en face de la ville d’Is, au milieu de la mer, on ne sait depuis combien de centaines d’années ; personne n’avait jamais pu l’enlever. On ne parlait que de ce grand chêne. Cet arbre, disaient les savants, avait été la cause première et, à bien dire, l’assise de cette grande ville. — Par la vertu de mon petit poisson, dit Christophe (je veux) que cet arbre sorte de la mer et vienne ici ! — Il n’avait pas achevé ces mots, qu’il vit le corps, les branches et le reste de l’arbre surgir sur la