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LE CONTEUR BRETON


Un jour la mère dit à Christophe : — Si tu veux aller aujourd’hui me chercher du bois de chauffage, je te ferai des crêpes avec la farine que j’ai reçue hier en aumône de gens charitables. Christophe répondit : — Je n’ai pas faim, ma mère ; et il sortit, comme d’habitude, avec son bâton pour aller sur la côte. Il y avait reflux (la mer baissait) ; Christophe se dirige vers le rivage ; il descend longtemps la grève et arrive à un trou plein d’eau de mer ; là il joue et jette des pierres dans l’eau, en riant et en chantant tour-à-tour. Il y avait un moment qu’il jouait ainsi, quand Christophe prend une petite pierre toute blanche, en disant : — Voici une pierre qui tout-à-l’heure courra sur la surface (de l’eau) de ce trou. Il la lance avec son bâton, aussi adroitement que possible (il était devenu très-fort à ce jeu), si bien qu’elle glisse sur l’eau comme une anguille blanche. Christophe la regarde en riant aux éclats, et voit un petit poisson qui sautait et nageait à la poursuite de sa pierre. — Attends, attends, dit Christophe ; ma mère disait tout-à-l’heure qu’elle me ferait des crêpes, si je voulais (aller) lui chercher du bois à brûler ; ce ne sont pas des crêpes qu’il y aura ; c’est vous, petit poisson. Christophe aura du poisson, ou ce sera bien difficile. Christophe alors trousse ses culottes, va dans le trou et court après le poisson. Celui-ci glisse de dessous une pierre sous une autre, et Christophe, son bâton à la main, le poursuit sans relâche, jusqu’à