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LE CONTEUR BRETON

mal à vos bestiaux. Je vais me rendre actuellement dans le lieu où j’ai besoin d’aller, et j’ai hâte de me retirer. — En disant cela, Ivon, transformé en corbeau, prend son vol, emportant l’œuf rouge, et un instant après, transformé en homme, il descendait dans l’île du Corps sans âme.

Celui-ci, ce corps, était sur la roche, et la princesse auprès de lui ; et, quoiqu’il eût la poitrine découverte et même débraillée, il avait encore peine à respirer. Il était étendu là comme s’il eût été collé contre le rocher. Ivon s’approche de lui, l’œuf à la main. — Apporte-moi cet œuf, dit le corps sans âme, ou bien je te tuerai tout-à-l’heure. — Si tu as besoin de cet œuf, dit Ivon, viens le chercher. Que me donneras-tu pour la peine que j’ai eue à le trouver et à l’apporter jusqu’ici ? — La mort si je puis, dit le corps. — Oui la mort, si tu peux, toi qui as de la peine à respirer, dit Ivon. Lève-toi donc sur ton séant, que je voie si tu es grand ; lève-toi donc, corps sans cœur et sans énergie ; si tu ne viens pas chercher cet œuf, je vais le briser. — Il ne faut pas, il ne faut pas, dit le corps, cherchant à se lever debout. Il eut beau faire, il lui fallut bien rester étendu sur ce lieu, ses longs bras allongés de chaque côté de la roche. — C’est bon, dit Ivon, tout joyeux en voyant combien faible était le corps ; je ne puis attendre si longtemps. Puisque tu ne viens pas, je vais aller à toi, car tu me fais pitié. — Et Ivon de

s’approcher du corps et de monter sur la roche et

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