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LE CONTEUR BRETON

vous faire aucun mal, bien au contraire. Voici pourquoi je suis venu : vous vous souvenez sans doute du jeune soldat que vous regardiez, il y a environ un mois, quand il était de garde, ici en bas, auprès de la porte de votre père ? — Oui assurément, dit-elle, je m’en souviens. — Eh bien, dit Ivon, je suis celui-là, et si je suis venu ici vous trouver, c’est pour vous dire que je vous aime, depuis longtemps, et que je voudrais vous épouser.

— Cela vous sera difficile, dit la princesse ; pourtant j’examinerai la chose. — Et en disant cela, elle regardait Ivon et, voyant que c’était un garçon bien léché et même très-joli, elle lui dit : — Il n’y a pas bien longtemps, un jeune prince vint ici de France pour m’épouser. Deux jours après son arrivée, il tomba malade et mourut ; et comme il m’aimait beaucoup, il me donna, avant de mourir, ses papiers, ses magnifiques vêtements et tout ce qu’il avait. Ils sont là dans l’armoire et je vous les donnerai, si vous voulez. Alors vous viendrez ici, demain ou après, sous le nom du prince que vous voudrez et, ayant revêtu ces superbes vêtements, vous demanderez ma main à mon père. Je crois qu’il vous accordera votre demande. Voici en outre deux bourses pleines d’or et d’argent, je vous les donne, afin que vous puissiez vous présenter partout et tenir le rang élevé que vous aurez pris.

Si bien qu’Ivon était très-heureux en sortant de là avec les papiers et les habits du prince, et

avec les deux bourses pleines qu’il avait reçues de

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