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LE CONTEUR BRETON

Qu’y a-t-il, ma fille, dit le roi ? — Ici, dit-elle, j’ai vu tout-à-l’heure un homme devant moi ; il est sans doute allé se cacher. — Si bien que l’on fouilla et refouilla dans la chambre ; pas un coin, pas une place ne resta sans qu’on les visitât ; mais on eut beau chercher, on ne trouva personne. Tout le monde alors dut se retirer, de même que le roi qui dit à sa fille : — Tu as le délire et la vue trouble, car tu ne sais ce que tu as vu. Il n’y a ici personne. — Et il se retira.

Aussitôt qu’ils furent sortis, Ivon se transforme de nouveau en homme ; et la princesse de crier plus fort que jamais. — Ma fille perd la tête, dit le roi qui remontait les escaliers en toute hâte. Quand il entra dans la chambre, la princesse lui dit : — Chercher bien, mon père, car dès que vous êtes sorti, je l’ai revu. — Et le roi de chercher, de fouiller une seconde fois. On tira le lit (de sa place), on fouilla dessous, on enleva les matelas et tout ce qu’il renfermait, sans trouver personne. — Ivon, de son trou de ver, le regardait en riant. — Il ne me sert pas de chercher, dit le roi à sa fille, et il faut que tu aies perdu la raison ; désormais, tu auras beau crier, je ne viendrai plus, car tu es une sotte.

En colère cette fois, le roi s’en retourna, et Ivon, redevenu homme, se plaça tout droit devant la princesse. Cette fois-ci la princesse ne cria pas ; après l’avoir examiné et avoir remarqué qu’il n’était pas aussi effrayant qu’elle l’avait cru, elle lui demanda ce qu’il cherchait en ce lieu. — Il ne faut pas avoir peur de moi, dit Ivon, je ne veux