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LE CONTEUR BRETON

si ce n’est Dieu, ce qui se passe dans le cœur des jeunes filles, princesses et autres ? Celles-là comme celles-ci sont faites pour aimer.

Avec autant de pouvoir que j’en ai, dit Ivon, peut-être viendrai-je à bout de mon projet. — Et, dans cette persuasion, il ne détournait pas sa vue du palais, attendant qu’il aperçut la princesse.

Celle-ci, à l’approche de la nuit, vint ouvrir sa fenêtre, sans doute pour respirer l’air du soir, car je ne crois pas qu’elle pensât ou se souvint d’Ivon. Quoi qu’il en soit, Ivon, dès qu’il l’aperçut, en fut ravi comme vous pouvez croire. Qui ne l’eût pas été ?

Bientôt, quand la princesse fut lasse de respirer l’air, et aussi parce qu’il faisait nuit sombre, elle ferme sa fenêtre et va se coucher. Ivon ne cesse de regarder sa chambre, et quand il croit qu’il est temps d’agir, il dit : — Que je devienne corbeau. Et transformé en corbeau, il vole aussitôt à la fenêtre de la princesse. Il casse une vitre avec son bec, et entre dans la chambre. — Que je devienne homme, dit-il. — Et il devient homme à l’instant.

La princesse n’était pas encore endormie, et quand elle aperçut un homme dans sa chambre, elle poussa un cri perçant qui épouvanta tout le monde. — Au voleur ! au voleur ! disait-elle. Et le roi et ses gens d’accourir pour voir (ce qu’il y avait). Quand ils arrivèrent dans la chambre, on n’y trouva personne autre que la princesse, car Ivon, transformé en fourmi, s’était précipité dans un trou de ver qu'il avait trouvé à la tête du lit. –