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LE CONTEUR BRETON

des soldats. Ceux-ci, quand ils l’aperçurent, ne restèrent pas à l’attendre ; ils détalèrent si vite de là que leurs talons frappaient leur derrière. Ivon avançait toujours, en riant entre ses dents de lion, et en feignant d’être irrité, contre eux, parce qu’ils se détournaient pour le regarder.

Quand il les eût fait rétrograder un bon bout de chemin, il dit : — Que je devienne corbeau. Métamorphosé aussitôt, il alla à tire-d’ailes à Nantes où était son régiment, et descendit en face du palais du roi de Bretagne. — Que je devienne homme maintenant ; et Ivon, changé en homme, se rend vite dans une grande hôtellerie qui se trouvait en face du palais, et demande une chambre ; on la lui donna, et cela n’a rien d’étonnant.

Bientôt, à la nuit, Ivon dans sa chambre se met à la fenêtre, il examine la demeure du roi et cherche à apercevoir la jeune princesse qu’il connaissait de vue et qu’il avait le désir d’obtenir pour épouse. Ivon, sachez-le bien, ne regarde plus maintenant les gens de sa condition ; c’est une princesse qu’il lui faut.

J’ai oublié, de dire, que celui-ci était un beau garçon et d’excellente tenue, et pendant qu’il était soldat, il avait maintes fois remarqué que la princesse le regardait du coin de l’œil, quand il était de garde au palais. Cela lui avait souvent donné à penser qu’il était peut-être aimé de cette jeune fille. Et peut-être l’aimait-elle, en effet. Qui sait