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LE CONTEUR BRETON

prince. Il lui arriva ce qui était arrivé la première nuit. Toutefois le domestique qui couchait dans la chambre voisine l’entendit pousser des plaintes, et le lendemain il dit à son maître : — Je ne savais pas que vous aviez été renfermé sous la peau d’une bêtes — Qui t’a dit cela, demanda le prince ? — Une jeune fille qui a passé là, dans votre chambre, la nuit dernière et la nuit précédente ; elle dit que c’est elle qui vous a tiré de peine ; qu’elle a usé deux paires de souliers en fer et une en acier, en vous cherchant dans tous les pays ; elle a dit aussi qu’elle a enlevé trois gouttes de sang d’une de vos chemises.

— Et comment est-elle venue ici, dit le prince ! — Hier elle avait vendu à la princesse un coq d’or, au prix de neuf mille écus, et a la condition de passer une nuit dans votre chambre. Elle vous a adressé des plaintes pendant cette première nuit. Mais vous ne l’entendiez pas, parce que vous aviez bu du vin soporifique que vous avait donné votre beau-père (s’il le devient). Cette dernière nuit, elle est encore venue, parce qu’elle avait vendu à la princesse une poule d’argent ; mais vous ne l’avez pas entendue plus que la veille. Pour moi, je l’ai entendue ; cela faisait mal.

— Tais toi là-dessus, dit le prince à son domestique, et garde-toi d’ouvrir la bouche pour en parler. C’est mon beau-père (s’il le devient, comme tu dis), qui me verse le vin soporifique. Quand il viendra ce soir pour le verser et me l'offrir, voilà