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LE CONTEUR BRETON

paire, mais une paire en fer cette fois-ci. Voyageant par ci et par là, du vallon à la forêt, de la forêt à la montagne, ses vêtements sont déchirés et non rapiécés, et elle s’aperçoit que sa seconde paire de souliers est percée à son tour. Maintenant, au lieu de sa beauté, la pauvre femme n’a plus que le teint des mauvais jours ; elle a souffert de la faim et du froid, et n’a plus que les os et la peau.

Elle fait confectionner sa troisième paire de souliers, en fer encore, et après les avoir payés, il ne lui resta que dix-huit deniers ; elle se remet pourtant en voyage. Hélas ! elle a peine à soulever ses pieds de terre, tant elle est fatiguée, tant elle est faible. Ses forces l’abandonnent ; et qui en serait surpris ? Souvent elle n’a pour nourriture que les fruits sauvages des chemins ; pour lit, le coin de quelque haie ; pour abri contre la pluie ou le soleil, les feuilles des arbres, quand elle en trouve. Voilà, bonnes gens, la vie que mène cette jeune femme depuis quatre ans qu’elle est partie de sa demeure pour aller à la recherche de son mari. Parmi les femmes de cette époque, quelle est celle qui en ferait autant ? Peut-être n’en trouverait-on pas dans l’univers une autre semblable à elle.

Après ce temps, la jeune femme arrive au pied d’une haute montagne, et en la regardant elle dit : – Quand arriverai-je à sa cime ? Il y a sept lieues à monter sans aucun chemin ; il n’y a que rochers, pierres et ronces. Il me faut pourtant prendre ce