faire, c’est d’aller à Rome trouver notre Saint-Père le Pape. Et ceux-ci de se mettre en route sans différer. Quand ils furent en présence du Pape, celui-ci demanda tout d’abord à la jeune fille si elle consentirait à se marier avec ce monstre : — Oui, dit-elle, je me marierai volontiers avec lui, et c’est même moi qui le lui ai offert la première, parce que je sais que c’est un homme, attendu qu’il parle et dit ce qu’il désire. C’est pourquoi, ajouta-t-elle, je ne pense pas qu’il y ait rien qui puisse s’opposer à ce que je me marie avec lui.
À ces paroles de la jeune fille, le Pape reconnut qu’elle disait vrai et que cette bête était un homme qui avait été métamorphose ainsi par quelque sorcier. — C’est bien, dit le Pape, vous serez mariés, puisque vous y consentez tous les deux. — Ils furent mariés et revinrent au logis fort satisfaits. On fit un festin des plus splendides, car ce n’était pas l’or et l’argent qui leur manquait, et il y vint tant de monde que jamais on n’en avait vu autant. On était venu (chose assez naturelle) à cette noce qui n’avait rien de commun avec les autres, car jusqu’à cette époque on n’avait jamais vu une jeune fille belle, ni même une jeune fille laide, se marier avec une bête. Or, bien qu’on n’eût pas encore vu cela jusqu’alors, la chose n’en était pas moins exacte, et maintenant patente aux yeux de tous.
Le premier jour se passa à merveille ; tout le monde fut dans la joie jusqu’au soir. Mais alors la nouvelle mariée devint inquiète, surtout quand il
fallut aller se coucher. Son inquiétude ne fut pas