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LE CONTEUR BRETON


Voilà qu’au bout d’un an ou environ, la bête lui dit que sa seconde sœur allait se marier aussi, et qu’il fallait qu’elle allât à la noce. — Pourquoi faire irais-je, dit-elle ? Je préfère rester ici, dans la crainte qu’il n’arrive quelque chose de pire encore que la première fois.

Mais cette fois le père fait des recommandations, afin que personne ne soit assez mal avisé pour chercher à embrasser sa plus jeune fille. — À quoi sert de défendre quelque chose aux jeunes gens ? C’est alors qu’ils sont le plus portés à en faire à leur tête, ainsi que fit un jeune homme qui se trouvait à la noce. Parce qu’on en avait fait la défense à tout le monde, il se mit à dire qu’il embrasserait la jeune fille, dût-il être brûlé chair et peau. Pendant donc que personne ne pensait à rien, et en présence de toute la compagnie, il s’élança sur elle pour l’embrasser, lorsqu’il tomba sur place, brûlé et en cendres comme le premier. La bête alors chargea la jeune fille sur son dos, comme l’autre fois, et revint avec elle dans sa demeure.

Quand elle arriva, le monstre la mit dans la chambre et ne vint ensuite la trouver qu’au bout d’un mois. Cette jeune fille s’affligeait et s’ennuyait de rester ainsi toute seule, sans voir sa petite bête. Et quand le monstre y retourna, elle fut réjouie, comme vous pouvez penser, et lui aussi, car il voyait bien maintenant qu’il en était aimé.

Malgré cela, quelque temps après que ces faits s’étaient passés, et au moment où la jeune fille ne songeait à rien, le monstre, pour mieux connaître