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LE CONTEUR BRETON

sans doute aussi pour qu’il pût, pendant son règne, doter son peuple d’excellentes lois. En faisant voyager son fils dans les autres royaumes, le roi avait aussi un autre but : celui de le mettre à même de faire la connaissance de la femme qui lui plairait le plus, afin qu’il en fît plus tard son épouse, car il allait être bientôt en âge de se marier.

Mais le maître et l’élève eurent beau aller et venir, voyager par ci, par là, le fils du roi ne trouva nulle part chaussure à son pied, ni fille à son goût. Il revint donc au palais et se remit à l’étude avec son précepteur, ainsi qu’il faisait avant son départ.

Dans leurs conversations, ils s’entretenaient chaque jour tous les deux de la paix, de la guerre, de la sagesse, de l’esprit et de cent autres choses. Parfois aussi, pour se distraire, le jeune prince allait seul dans la ville et à la campagne, interrogeant chacun sur ses occupations, sur sa manière de vivre, et sur ce qu’il pensait du roi et du royaume.

Un jour qu’il était allé plus loin que de coutume, il s’égara dans le trajet et entra dans une chaumière pour demander le chemin de la ville. Quand il ouvrit la porte, il aperçut, assis au foyer, un homme sur le retour de l’âge et, près de lui, une belle fille de seize ans environ. Celle-ci faisait à son père la lecture dans un vieux livre. Le fils du roi l’écouta un instant en silence de l’extrémité de la maison ; puis s’étant approché et, ayant demandé son chemin, il jeta un coup