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LE CONTEUR BRETON

des instruments de toutes sortes, pour vous habiller, pour faire la lecture, pour chanter, selon que vous en aurez le désir. Quand vous serez fatiguée, vous n’aurez qu’à dire au laurier de chanter à son tour, et il le fera. Tout ici est sous votre puissance, et moi aussi comme les autres. Toutefois, je voudrais que vous eussiez la bonté de me laisser venir vous trouver ici tous les jours, pendant votre dîner, car je ne suis libre que dans ce moment du jour. Croyez ce que je vous dis, j’ai aussi des supérieurs, dont il faut que fasse les volontés, comme vous devez faire les miennes.

Quand vint la nuit, la jeune fille va se coucher ; la chose est toute naturelle. Le lit avait été fait avec soin et était parfaitement garni ; des coettes de plumes, des draps blancs, quatre ou cinq oreillers pour la tête ; en un mot, rien n’y manquait. Elle eût été heureuse comme une reine, s’il n’eût fallu rester toujours seule, jusqu’au moment où venait la voir celui que maintenant elle appelait sa petite bête. Et en effet, s’étant habituée au monstre, et voyant aussi qu’il était moins farouche et meilleur qu’il n’en avait l’air, au lieu d’en avoir peur et horreur comme dans le principe, elle avait maintenant hâte de le voir venir près d’elle ; et quand arrivait le moment de se séparer de lui, elle en était peinée et affligée — Ceci nous prouve qu’il n’est pas dans la nature de l’homme de rester dans l’isolement.