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LE CONTEUR BRETON

mal pour aller avec lui, puisqu’il le dit. C’est pourquoi je n’ai pas d’inquiétude là-dessus, et vous également, mon père, vous devriez être tranquille comme je le suis à ce sujet.

Le père en eut l’âme toute réjouie. Toutefois, il se disait : — J’aurai grand’peine à me séparer de ma fille bien-aimée.

Ni plus ni moins, il ne lui sert pas de gémir ni de se plaindre ; le temps approche, et ils se dirigent tous deux vers le pays de la bête. Ils arrivent, au moment marqué, chez le vieillard, et celui-ci dit au gentilhomme : — Eh bien, vous êtes donc venu avec votre fille ? — Eh oui, dit le père, je suis venu parce qu’il le fallait bien ; il ne servait de rien de m’excuser. — Non, dit le vieillard ; et plaise à Dieu que vous fassiez bien ce que vous allez faire, Voilà neuf cents ans que je suis ici, attendant qu’il vienne quelque jeune fille capable de dompter la bête et de l’aimer. Jusque là, il me faut rester ici pour guider et instruire ceux qui, comme vous, viennent chercher une feuille du laurier qui chante ; je n’ai pas d’autre mission.

Alors le père et la fille se rendirent de là chez la bête ; celle-ci les rencontra au moment où ils montaient pour prendre le sentier. — Vous voilà donc arrivés, dit-elle au père ? — Oui, répondit-il, je suis arrivé, monsieur. — Prenez garde à ce que vous dites ; je suis une bête et non un monsieur.

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