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LE CONTEUR BRETON

il était si chagrin et si triste que l’envie de se marier lui était bien passée.

En revenant à la maison, le gentilhomme dut passer par la butte du vieillard dont nous avons parlé plus haut : — Eh bien, dit celui-ci, ne vous avais-je pas dit ce qui vous arriverait ? Vous n’avez pas été plus sage que les autres, je le vois, et vous devrez revenir ici dans un an et un jour pour y amener une de vos filles. Si vous aviez voulu écouter mes avis, vous n’auriez pas tant de Chagrin en retournant chez vous. Tant pis pour vous, car vous aurez beau faire, il vous faudra exécuter ce qui vous a été ordonné par la bête. Retournez au logis, et vite, car vous n’avez pas de temps à perdre.

Voyant alors qu’il n’y avait rien qui pût le tirer de ce mauvais pas, le gentilhomme, accablé de tristesse, se mit en route vers sa demeure. Quoi qu’il en soit, il arriva à force de marcher, et ses trois filles accoururent pour lui sauter au cou et l’embrasser chacune à leur tour. Sa fille aînée alors lui demande à quelle époque il a fixé le jour du mariage : — Mariez-vous quand vous voudrez, ajouta-t-elle, pour savoir ce qu’il dirait. — J’en ai assez du mariage, répondit son père, et si tu n’as jamais plus d’envie de te marier que je n’en ai maintenant, tu pourrais bien rester tonujours fille. Je voudrais bien que cette sotte fantaisie ne me fût jamais venue à l’esprit.