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LE CONTEUR BRETON

riez quelque motif de vous marier. Mais à présent vous n’en avez aucun, car on ne peut pas dire qu’aucune de nous trois ressemble aux enfants dont je parlais tout-à-l’heure.

— Tu dis vrai, ajouta le père ; aussi n’est-ce pas pour ce motif que j’ai songé à me remarier ; c’est pour augmenter votre fortune, car sachez bien que celle que je désire prendre est aussi riche que moi, et qu’un jour, par conséquent, vous serez plus heureuses et plus riches. Je ne crois pas que vous ayez lieu de vous inquiéter, car à l’âge où nous sommes tous les deux, on a rarement des enfants.

— Advienne que pourra, dit la fille aînée, je vous ai dit maintenant ce que je pense et ce que j’ai sur le cœur; mais cela ne fera rien, je le sais bien. Toutefois il eût été préférable, à mon avis, de vivre comme nous faisons, et avec ce que nous avons. Cela suffit, et il y a bien des gens qui, à beaucoup près, n’en ont pas autant que nous et qui vivent heureux cependant. Il ne me sert de rien, mon père, de vous dire tout cela ; vous l’avez mis dans votre tête et je ne pourrai vous empêcher de vous marier, puisque vous en avez l’envie. — Et si je te donnais ce que tu désires avoir, dit le père, ne me donnerais-tu pas ton agrément ? — Pardon, dit-elle, si vous vouliez me donner un coq d’or qui chantât aussi bien que tout autre coq. — Ma fille, dit le gentilhomme, pourvu qu’on le trouve pour de l’argent, tu l’auras comme tu le dis.

De là, le père alla trouver Anna, sa fille ca-