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LE CONTEUR BRETON

paraît-il, les vieux savent s’entendre aussi bien que les jeunes. — Ces deux vieux, donc, s’entendirent à merveille au sujet de leur mariage, et l’affaire était sur le point de se conclure, quand le gentilhomme annonça qu’il ne se marierait que du gré de ses enfants. — Je le leur demanderai, dit-il, et je crois qu’elles n’y verront pas d’empêchement.

Là-dessus le gentilhomme va trouver ses trois filles pour leur demander (leur avis) et entendre ce qu’elles pourraient dire à ce sujet. Ces trois demoiselles se nommaient Claudine, Anna et Marie. Le gentilhomme va d’abord trouver Claudine, l’aînée, et lui dit qu’il a pris la résolution de se remarier.

La demoiselle dit aussitôt à son père : — Vieux comme vous êtes, et avec des enfants en âge de se marier, qui plus est, je ne crois pas qu’il soit du tout prudent de chercher à vous remarier. Vous n’êtes donc pas heureux comme vous êtes actuellement, puisque vous pensez qu’avec une autre femme vous seriez plus heureux qu’avec vos enfants ? Si encore nous étions de mauvais enfants, des enfants sans cœur, comme il y en a trop de nos jours ; des enfants qui ne prennent aucun soin de leur mère, de leur père, qui ont eu de si grandes peines pour les élever ! Si nous étions de ces enfant qui les laisseraient manquer de tout pour aller suivre les étrangers et pour leur reprocher d’être vieux ou une foule de choses malsonnantes, comme on en entend actuellement ; oh ! alors, dit Claudine, il n’y aurait rien à dire, et vous au-