Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
LE CONTEUR BRETON

furent arrivés à la fontaine près de laquelle était la vieille petite femme, Jean resta un peu derrière les autres et dit : — Vieille petite mère, au nom de Dieu, êtes-vous là ? — Oui, mon pauvre enfant. — Que Dieu vous bénisse mille fois, car, sans vous, ma peau serait depuis longtemps à sécher ou en morceaux dans le ventre du vieil ogre. — Méfie-toi aussi mon enfant, de ce géant, car il est aussi cruel que le vieil ogre ; seulement, il ne lui ressemble pas à l’extérieur. Casse-lui la tête dès que tu en trouveras l’occasion, mais prends garde de manquer ton coup. Voici encore une autre herbe, le trèfle à cinq feuilles, et si tu peux parvenir à lui en faire goûter, il lui arrivera ce qui est arrivé au vieil ogre et à ses chiens enragés ; il te sera facile alors de te débarrasser de lui. Adieu, maintenant, je ne te reverrai jamais. Bonne chance, et prends tes précautions ! — Je ne vous oublierai jamais, vieille petite mère, et si quelque jour vous aviez besoin de moi, je vous rendrais bons services pour bons services. Bonne santé et longue vie !

Et Jean de suivre la princesse avec sa barre de fer. Mais le géant, mauvais garnement qu’il était, avait pris ses grands souliers et mis la princesse sur son dos ; et pendant que Jean devisait avec la vieille petite femme, il avait accéléré sa marche vers l’Hybernie, Jean, voyant qu’il n’était pas capable de les rejoindre, comprit qu’on lui avait joué un vilain tour. — Si le géant est allé conduire la princesse chez son père, dit Jean en lui même, le mal n’est pas grand ; mais si, après