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LE CONTEUR BRETON

tourne. — À revoir, charitable jeune homme, dit la princesse, que Dieu vous bénisse mille fois ! Bonne chance pour l’accomplissement de vos desseins !

Jean retourna dans sa chambre comme il était venu, et le vieil ogre ronflait toujours. Le géant revint bientôt et alla trouver Jean. — Eh bien, dit Jean, je crois que tu n’as fait aucune capture ? — Non assurément, dit le géant ; le bois est si connu, que depuis longtemps peu de gens y passent ou même en approchent ; et nous, nous ne pouvons sortir du bois, sous peine de perdre notre force et notre adresse. Par bonheur, le vieil ogre mange peu en ce moment, et il a des provisions pour un bon bout de temps ; après les deux que j’ai pris hier, il trouvera la jeune princesse, quand il aura faim, et en attendant quelque autre capture.

— Mais j’y pense, dit Jean, j’ai ici sur moi un morceau de l’herbe ; serais-tu disposé à le mettre dans les aliments du vieil ogre, car j’ai hâte de le voir ? — Parfaitement, dit le géant ; il n’est rien de plus facile que de vérifier l’efficacité de votre herbe. Une heure après qu’il avait pris son repas, le vieil ogre ronflait au point que le château branlait du haut en bas ; le géant dit alors à Jean qu’il pouvait descendre, quand il le voudrait, et sans crainte, pour voir le vieil ogre. — Jamais, dit-il, je ne l’ai vu dormir comme aujourd’hui, ni ronfler si fort. Se mourrait-il, par exemple, dit le géant ? Peut-être cette herbe est un poison ?

— Le regretterais-tu beaucoup, dit Jean ? —