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LE CONTEUR BRETON

minée. À mesure que le feu prenait à la souche, la chaleur venait dégourdir les membres des assistants qui formaient un grand cercle autour du foyer. Parmi eux se trouvait le grand Conteur, que le maître de la maison avait fait asseoir sur son escabeau.

— Il est temps de commencer, s’écrièrent les hommes et les femmes.

L’éloquent Conteur alors, se mouchant et toussant pour nettoyer son gosier, et mettant sa jambe droite sur la gauche, fit le signe de la croix : − Mes braves gens, dit-il, vous allez entendre aujourd’hui l’histoire de l’Oiseau de vérité. Qui de vous a déjà entendu cette histoire ? − Personne, dit quelqu’un. − Il serait curieux, dit un autre, d’entendre un hâbleur qui n’a pas son pareil dans le pays, moi excepté, de l’entendre nous prêcher sur la vérité, à l’instar de M. le curé dans sa chaire. − Et pourquoi ne le ferait-il pas, dit le Conteur ? Ne voit-on pas souvent des fous donner de bons conseils aux sages. Et à moins qu’elle ne te passe sous le nez, beau parleur que tu es, la vérité ne se perd jamais : elle germe en tous pays, et l’on a beau chercher à la cacher et à l’étouffer, elle s’élève toujours à la surface de l’eau et vient à bien. Écoutez-moi, ceci vous sera démontré plus tard, pourvu que vous ouvriez bien vos deux oreilles, bonnes gens.

Mais gardez-vous bien de m’interrompre, car nous sommes, pour la plupart, comme un prêtre en chaire. Quand il s’arrête à regarder quelqu’un au lieu de s’occuper exclusivement de son sermon,