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LE CONTEUR BRETON

la paix. — Tu fais bien, dit Jean, et prends garde à moi, si tu tentes de me faire mal. De plus, tu n’obtiendras pas de moi la paix si tu ne marches toujours en avant ; et marche droit surtout, ou je te casserai les jambes. — Je le ferai, dit le géant, qui n’était pas à l’aise et avait même le mal de ventre[1]. — Jean alors descendit de son arbre et se dirigea vers le château, tenant son bâton de fer à la main, et faisant marcher en avant le géant, dans la crainte qu’il ne cherchât à lui porter quel que coup de traître.

— Maintenant, dit le géant, quand ils furent arrivés au château, je vais vous montrer une chambre pour vous cacher, car si l’ogre savait que vous êtes ici, il me tuerait incontinent et mettrait mes os en tripes. C’est pourquoi il ne faut vous montrer à personne qu’à moi, ni faire le moindre bruit. Vous trouverez dans votre chambre nourriture, vêtements et tout ce qui vous sera nécessaire. — Il est temps que je retourne auprès du vieil ogre.

— Je sens l’odeur de chrétien, dit le vieil ogre, aussitôt que le géant fut revenu près de lui. — Oui, grand-père, l’odeur de ces deux hommes que je vous ai apportés hier. — Ceux-là étaient des païens, mon fiston ; mais je sens l’odeur de chrétien, et même une forte odeur. — C’est vrai, l’o-

  1. La phrase bretonne ne peut être traduite.