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LE CONTEUR BRETON

à veiller sur nous ! — Ainsi soit-il, dit Jean, en s’éloignant silencieusement comme un voleur. Et lui d’entrer dans le bois et de monter dans un arbre avec son bâton, en disant en lui-même : — Si je vais me promener dans le bois, le géant se mettra à mes trousses et me prendra ; et si je le manque du premier coup, mon affaire sera faite. Laissons-le venir me chercher, pour voir (ce qui arrivera).

En effet, peu d’instants après, le géant arriva à pas démesurément grands, et tels que Jean n’en avait jamais vu faire à qui que ce soit ; et apercevant Jean à l’enfourchure d’un arbre, il lui dit : — Tu es donc là, ver de terre ; descends de là, que nous causions un peu. — Pas si bête, dit Jean, et si tu désires causer, causons. — Tu es bien osé, pauvre enfant. Qui a pu te rendre audacieux au point de venir dans ce bois, sans de mander de permission. — J’ai lieu de penser que c’est toi qui as pris mes deux camarades, dit Jean d’un ton aussi arrogant que le géant. Prends garde à ce bâton de fer, il te rompra la tête et brisera toutes les côtes de ton corps maudit. Tu as emporté, il est vrai, le garçon aux meules de moulin et le garçon au tonneau ; mais ceux-là n’étaient que des adolescents, dit Jean. Approche donc de moi, méchant et lâche flandrin ; approche donc, si tu l’oses ?

Alors le géant se calma en entendant Jean et en voyant son bâton de fer, et il lui dit : — Faisons