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LE CONTEUR BRETON

bambin face au lait doux. L’une d’elles voyant que par ailleurs on ne pouvait venir à bout de lui, alla le prendre et le plongea dans le lavoir, en lui donnant la fessée, jusqu’à ce qu’il demandât à boire de l’eau. — Lâchez-moi, disait-il. — Promets que tu ne téteras plus à l’avenir. — Je ne téterai plus, dit Jean, en s’en allant avec son escabeau, et la queue basse comme un renard attrapé par une poule.

A partir de ce moment, Jean ne se soucia plus de voir faire la buée le vendredi. Marianne fut très-honteuse, mais n’eut pas de regrets d’avoir agi comme elle l’avait tait, parce qu’elle pensait que c’était à cela que son fils chéri devait d’être moitié plus fort que les autres enfants de son âge. Et il était plus fort, en effet, car Jean de Ker-Savater, tout jeune encore, luttait avec les jeunes garçons et portait la bannière, le dimanche, à la procession autour du cimetière. Il n’avait que quatorze ans quand il alla à l’aire neuve, en Cornouaille, et il revint vainqueur de la lutte.

Un jour, Jean s’éloigna du logis et s’égara dans le bois du Rusquec, auprès de Saint-Herbot, quand il revenait à la maison. Comme il n’arrivait pas selon l’ordinaire, on crut qu’il avait été dévoré par un loup ou par quelque sanglier. Pourtant, quelques-uns disaient : — Quel est le loup, croyez-vous, qui voudrait approcher de Jean ! Son nom est si connu, qu’il suffirait à lui seul pour mettre en fuite tous les loups de la mon-

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