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LE CONTEUR BRETON

être deviendrais-je aussi beau qu’il l’est ? — Je le croirais volontiers, dit la princesse.

Celle-ci ne tenait ce langage que pour attraper le roi, et aussi parce qu’elle avait maintenant plus d’envie de se marier avec le petit Jean que d’aller (se jeter) à l’eau.

Le roi, aussi sot qu’un veau pommelé, fait apporter là un grand tas de bois de chauffage, il s’établit au centre comme (avait fait) Jean, et aussitôt on alluma le feu. Le feu ne dura pas longtemps ; en un instant le roi fut étouffé, brûlé et réduit en miettes, chair, peau, os et tout le reste, et il ne resta de lui qu’un peu moins que rien. C’est ainsi qu’on en fit un joli garçon !

La princesse, satisfaite, dit à Jean : — C’est toi qui as-fait les plus beaux exploits, c’est toi par conséquent qui dois être actuellement roi, et moi ta reine.

Sans tarder on fit la noce, avec force cérémonies et en grande liesse ; et vous pouvez croire qu’ils donnèrent un festin comme on n’en avait pas vu il y avait longtemps. Quand furent terminées (les fêtes) de la noce, Jean alla trouver son cheval à son château de branches. Il lui raconta ce qui était arrivé et le remercia de tout le bien qu’il lui avait fait depuis qu’il était parti de la maison de ses parents. Le cheval lui dit alors : — Je vais maintenant retourner dans mon pays, tu ne me reverras plus jamais, car jamais non plus tu n’auras besoin de moi. Adieu donc pour toujours ! Je t’avais dit que je te ferais du bien tant que je pourrais ! je l’ai fait, je crois, selon mon pouvoir. Adieu pour toujours !