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LE CONTEUR BRETON

la tête basse. — Qu’y a-t-il, sire, dit Jean ; j’ai appris que vous m’aviez fait appeler. — Oui certainement, Jean, et j’ai bien du chagrin à te dire pour quel motif. Après tout ce que tu as fait, il ne pouvait t’arriver rien de plus fâcheux ; écoute : La fille du roi Fortunatus exige que tu sois brûlé vif sur la place publique de la ville, et tu as été condamné à être brûlé ; fais donc ton paquet — maintenant, le plus tôt que tu pourras. Il ne sert de rien de rechigner ; tu seras brûlé, puisque le veut cette belle fille. — C’est bien, sire, dit Jean ; toutefois, après ce que j’ai fait pour vous, il ne serait pas trop que vous ayez la bonté de prolonger mon existence de deux jours entiers, pour que je fasse mon paquet. Il y a plus, il n’est pas bien de décamper de ce monde aussi vite que la parole, car peut-être je ne serais pas bien reçu dans l’autre. — Tu auras deux jours, Jean, selon ta demande. — Je vous remercie, sire, dit Jean qui s’en va, aussi tranquillement que possible, trouver son cheval à la forêt. Chemin faisant, il dit en lui-même : — Voilà comment sont les rois, voilà ma récompense ; vaut-il bien la peine de se tuer pour obliger des gens de cette sorte ? A l’intérieur, paraît-il, ils ont des pierres au lieu de cœur.

Jean arrivé près de son cheval, lui dit: — Je suis venu cette fois pour te dire adieu à jamais ; c’en est fait de moi, et je suis condamné par le roi à être brûlé vif sur la place publique de la ville. Adieu donc, mon cher petit cheval, il faut nous quitter maintenant ; dans deux jours, aujourd’hui non compris, je ne serai plus que cendre. — Voilà