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LE CONTEUR BRETON

nant du palais de son père en Bretagne, et comme elle était en colère, elle les a jetées dans la mer, je n’en doute pas.

— C’est bien, dit le roi des poissons ; si tu veux nous laisser désormais en paix, je te les ferai apporter, ou personne ne le pourra, à ce que je crois. — Vous aurez la paix, dit Jean ; travaillez maintenant. — Et le roi des poissons, d’un coup de sifflet, appelle les autres ; ceux-ci arrivent aussitôt autour de lui en plus grand nombre que les abeilles d’une ruche. Il leur dit  : — Approchez ici l’un après l’autre, que je voie qui vous êtes. — Ceux-ci se présentent, et le roi, en les regardant attentivement, s’aperçut que le Mineur[1] n’était pas parmi eux. — Où est resté encore ce méchant traînard, dit le roi ; il n’arrive jamais avec les autres, quand il faut. — Il va arriver, dit un des poissons, il a le corps aussi allongé que s’il tirait à sa suite un rocher tout entier. — Eh bien, dit le roi, pourquoi arrives-tu si tard, grand flandrin que tu es ? — Ma foi, dit le mineur, j’étais à bâtir mon logement, et, pour faire mon ouvrage, il me fallait des matériaux ; je suis encore chargé, comme vous voyez, avec ce que j’ai trouvé pour bâtir convenablement mon château. —

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  1. Ce que le Conteur breton appelle miner doit être le grand lançon, poisson rond, mince et très-allongé, ayant une mâchoire longue de plusieurs centimètres et très pointue. Cette mâchoire lui sert à percer le sable et la vase où il vit souterrainement, à l’instar des mineurs ou ouvriers des mines dans les galeries.