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LE CONTEUR BRETON

instrument pour travailler ! Peu importe, le travail sera fait, quand j’aurai un instant avant le coucher du soleil. — Et Jean s’étendit là sous on hêtre pour faire un somme jusqu’à dîner. La servante vint encore lui porter son repas, et il fallut une autre fois le réveiller. — En voici un drôle de particulier, dit la servante ; il ne fait que manger et dormir alternativement, et pourtant il fait sa besogne à temps et au moment prescrit ; il faut qu’il soit sorcier et qu’il ne soit pas seul. — Que je sois seul ici, ou non, dit Jean, taisez-vous, je vous en prie, ma petite servante, car alors même que je ne ferais rien de bon, que vous fait cela ! — Alors Jean mange son dîner, fume une pipe de tabac et se met à dormir, comme d’ordinaire.

Il se réveilla une heure environ avant le coucher du soleil : — Oh ! dit-il, je crois qu’il est tard ; il faut que je fasse quelque chose. Il appela alors le roi des oies et lui dit de quoi ils’agissait. — Quand la bande fut arrivée, les oies dirent à Jean : — La besogne ne durera pas longtemps, s’il n’y a qu’à dessécher cet étang. Et les oies parvinrent à dessécher l’étang, en prenant chacune une becquée d’eau ; elles étaient si nombreuses ! Les gros poissons furent jetés à terre et les petits dans le nouvel étang.

Le roi Fortunatus arriva au coucher du soleil, et voyant que Jean avait fait tout ce qu’il avait ordonné, il en conçut de la peine : — Je crois,

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