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LE CONTEUR BRETON

une fille qui n’a pas son égale pour la beauté sur la terre de notre Sauveur. Je suis donc venu la chercher, et elle viendra probablement avec moi, dit Jean.

— Oui, oui, dit le roi Fortunatus, elle partira avec toi, si tu exécutes ce que je dirai. — Si je puis, sire, je le ferai. — C’est bien, dit le roi, nous verrons demain ; toutefois, en attendant, va manger et boire ce qui te fera plaisir, car tu dois être fatigué, venant de si loin, et avoir bon appétit aussi, je pense. — Volontiers je mangerai un morceau et je boirai un coup, dit Jean qui se mit à l’œuvre sans faire de façons.

Quand il eut mangé et bu, on le conduisit à son lit. — Demain, dit le roi, qui l’accompagna, je te dirai ce que je désire que tu fasses.

Jean s’étant couché, il ne fut pas nécessaire de te bercer, et il dormit bien tranquille et tout d’un somme jusqu’au lendemain. Pourtant il se réveilla un peu avant l’aurore et il alla trouver le roi. — Eh bien, sire, me voilà : qu’y a-t-il à faire ? — Peu de choses ; viens avec moi. — Et le roi Fortunatus conduisit Jean dans un vaste magasin de grains mélangés ensemble. — Voilà ta besogne, garçon ; ces grains doivent être triés d’un soleil à l’autre. — Jean, voyant ce dont il s’agit, dit en lui-même : — C’est là un rude écheveau que j’ai à dévider. N’importe, dit-il au roi Fortunatus, si vous n’avez que des travaux de cette sorte à me donner, il ne me sera pas difficile